Un début d'été à Bruxelles


Foutu bruit de sirènes bruxelloises


Je me souviens des mes premiers moments bruxellois.
Mes nuits, mes premières. J'étais dans mon lit, à l'auberge de jeunesse,
sous celui d'un ronfleur,
à côté d'un autre qui rentrerait à 3h du mat' en étant persuadé,
qu'à cette heure, la terre entière est aussi sociable que lui.
Dans mes draps blancs en carton.

Je me souviens de cette sensation.
J'entendais les sirènes bruxelloises. Nouvelles.
Elle participaient à cette ambiance de Bruxelles, à cette sensation.
Tout le dehors de cette chambre, de ce lit même, était nouveau.
Bruxelles était une ville immense,
un labyrinthe de rues et de façades,
dans lequel je n'avais aucun repère.

Chaque visage que je rencontrais était une nouvelle forme de visage.
Avec des traits, plus ou moins.
Un nez, des yeux, une bouche.
Une voix et des premiers mots.
Effleurement.
Qui creuse un repère potentiel.
Ce visage là pourrait devenir un point fixe auquel m'accrocher.

L'école était un coin satellite, détaché du reste.
Plus ou moins relié à mon auberge de jeunesse par un trajet.
On passait par une vue merveilleuse de Bruxelles.
On devait descendre, ou monter, puis à gauche ou à droite. Peu importe.

Se perdre chaque jour parce qu'on a pas encore mis la carte dans le sens des rues que l'on croise.
Marcher au hasard, découvrir au hasard, changer d'avis au hasard, ne rien prévoir d'une errance puisqu'elle est là pour ça.
L'attention, l'excitation, la peur.
Quand chaque regard est un explorateur, quand chaque dialogue est une découverte.

Aujourd'hui, j'ai fait mon nid.
Bruxelles se dessine dans ma tête comme une vieille copine.
Les sons, les voix, les couleurs ne me perdent plus, je me laisse moins surprendre.
Quand je pars au hasard, je retrouve vite un repère.

Certains visages qui n'étaient que des formes sont devenus des caractères, des personnalités.
J'en recroise d'autres, moins souvent et les liens entre les gens se dessinent dans ma tête.
Ces visages changent, et pour ça, il faut qu'ils aient existé avant, quelque part dans ma tête.
Tout a pris un sens, quelque part dans ma tête.
Tout s"explique et se répertorie, quelque part dans Bruxelles.
Au gré des mémoires, de mes moments avec elle. De mes vies en elle.
Le reste, je m'y attarde pas. Ou quand je le décide.
Parfois, Bruxelles redevient surprise, quand je le décide.

Cette nuit, les sirènes de Bruxelles me font chier. Je me suis habituée.
Leur bruit ne participe plus à mon émerveillement, il m'agresse les tympans.
Comme la raison pour laquelle il est si récurent dans les grandes villes.
Il a pris un sens ce bruit.
Foutu bruit de sirènes bruxelloises.







Miss Corentine


Et voici Miss Corentine, en version poupée
puis en version humaine...


Como un sueno



Como un sueno

Je dessinais un arbre.
J'étais ici comme j'aurais pu être ailleurs,
dans une ville ou y'a la mer.

Au milieu des boutiques de luxe,
des jeunesses dorées françaises,
des moins jeunes qui croient avoir raison sur la vie,
moi, j'étais là, et je dessinais un arbre.

Lui, il est sorti de nulle part.
Une guitare sur l'épaule,
une peau couleur café,
un collier qu'il a fait lui même,
et au lieu de me regarder comme une bête curieuse
qui fait quelque chose de curieux,
il m'a dit "Bonjour".
Au lieu de ne pas me voir,
et de tout faire pour ne pas me regarder,
il s'est approché, et il m'a dit "Bonjour".
Quand j'ai levé les yeux sur lui,
au lieu de les détourner il m'a montré les siens.

J'ai vu ses yeux, j'ai entendu son espagnol
et j'ai décidé qu'il serait mon aventure. Ma rencontre.
Celle qui ferait de cette ville La Rochelle,
pas seulement une ville où y'a la mer.

"Te espero"

J'ai remercié l'arbre, j'ai finis de l'attraper
et je l'ai rejoins, lui.

Un moment suspendu dans une bulle.
Avec ma rencontre, sa langue, sa guitare.
Ma voix, mes yeux calmes, qui sourient.
Ses traits d'indiens, son Équateur.
Mes tripes qui vivent ce moment.
Nos vies, ce qu'on choisit de partager.

La mer nous rejoint petit à petit.
Seul indice que le temps coule.

"Todo es possible"
Se revoir demain, s'explorer encore.
"Quiero terminar de pintarte"
Des promesses latines, de plaisir et de poésie.

Comme un rêve, je rêve à demain toute la nuit.

Quand le jour est arrivé,
quand Lincho s'est approché pour m'emmener vers ma "sorpresa",
je suis sortie d'ici,
de La Rochelle,
de cette journée.
Je suis entrée dans le présent.

On a marché sous le soleil,
en espagnol, près de la mer.
Au rythme des baisers qui promettaient,
et des sourires d'être là.
Je l'ai suivi les yeux fermés,
guidée par ses attentions.

Et là,
une apparition.
Son plaisir d'enfant à me regarder m'émerveiller.
Une apparition. Comme lui, sortie de nulle part.
Un endroit bleu d'eau calme,
fermé au creux du secret par des falaises,
un endroit qui brille de silence.
Retiré à quelques pensées de ceux qui passent.
Deux cygnes, l'eau, son bruit.
Un lac éclatant, brillant, perdu.
"Magico"

Comme un rêve.

Sa peau, sa voix, ses caresses, ma légèreté,
la simplicité de ses mots, ma curiosité
la générosité de ses mains, nos rires.
Nos corps deviennent un jeu,
nos gestes des explorateurs complices du même présent.
Découvrir et vivre pour que ça reste quelque part.
"Dibujarte con besos para recordar"

L'accord secret,
être là pour être là, sans attendre, plus ou moins.
Chaque regard vibre d'éphémère.
"Todo es possible"

Quand le temps est revenu,
le vent était là pour nous porter doucement jusqu'au retour.
Nos mains jointes, scellant notre accord secret.
"Los ultimos besos"

Je dessinais un arbre.
J'étais là, dans cette ville où y'a la mer.
Au milieu des restos à touristes,
des pavés plats, des murs beiges.
Moi j'étais là, je dessinais un arbre parce qu'il était au dessus,
il s'en foutait d'être beau, il le savait même pas.
Au milieu des tenues sophistiquées,
des cheveux lisses, des bulles de parfum,
moi, j'étais là, je dessinais cet arbre là.

Lui, il est apparu.
Il est sorti de nulle part.
Il n'essayait pas d'être, il était là lui aussi.

Le jeu d'Alice


Voici Colin,



Un strip,



Et une maison.




A suivre...

Faire part








Ma petite soeur se marie...
Ma petite puce,
mon petit bébé qui pleurait sur les marches de l'école
parce qu'elle ne serait pas dans la même cour que moi,
celle qui me forçait à jouer à la poupée,
qui avait peur des serpents et que je voulais protéger
avec des couteaux que j'avais fabriqué avec des bouts de bois!
Ma petite pétasse qui a l'air d'une princesse dans sa robe de mariée...

J'ai l'honneur de réaliser le faire-part et les livrets de messe,
je vais même chanter tous les chants à l'église... Peur!!