Je déménage, je tourne cette page! Pour suivre la nouvelle c'est ici:
un froid d'avril et un écran
Le soleil se lève sur les buildings du quartier de la gare du nord. On est en avril mais toutes les têtes sont recouvertes de bonnets ou de capuches. Les mains sont fourrées dans les poches, comme si elles voulaient disparaître. Faut dire qu'on est dans un avril belge. Faut dire qu'il est à peine 6h du matin et que le soleil n'a pas encore réussi à s'aventurer le long des façades bétonnées.
Et les visages. Les visages sont fermés, et pas réveillées.
De toutes les couleurs, de toutes les formes.
Il y a cette famille. Ils ont cinq enfants. Un bébé, deux petites dans une poussette, un autre bébé emballé dans des couvertures et une petite fille qui tremble. Elle est toute mince, toute jeune, toute pas assez habillée et elle tremble.
Autour, il y a des grues qui tournent, le béton, des camions. Je comprends rien.
Il y a toutes ces énormes choses autour. Ces trucs compliqués.
Et il y a cette famille, ces gens. Avec des sacs et des pots de lait pour bébé.
Il y a tous ces gens avec leurs affaires, d'autres avec rien.
Il y a tous ces gens avec leurs histoires, leurs passés, leurs racines qu'ils viennent échouer le long de cette file qui grandit.
Et autour, il y a ces grues qui construisent des trucs compliqués, des immeubles énormes. Et moi je comprends rien.
Il y a des sirènes de flics, et ces blancs qui passent en costumes et tailleurs.
Ils passent avec leur gel, avec leurs talons, leurs montres qui découpent le temps, avec leurs bulles de parfum du matin qui disparaissent au long de la journée.
Ils passent avec leurs histoires, leurs passés et leurs racines.
Ils passent avec leurs yeux qui ne voient pas.
Ils passent sans voir ces visages de toutes les couleurs, de toutes les formes.
Ils passent sans voir cette file de gens avec leurs histoires, leurs passés et leurs racines.
Ils passent comme si leur chemin était ailleurs que sur ce trottoir plein de gens qui attendent dans le froid d'avril.
Ils passent sur ce même trottoir au milieu de ces grues, de ces immeubles, des camions et des sirènes de flics.
Je comprends vraiment rien ce matin. J'ai envie de crier. "Regardez! Ils existent! Ils vivent, ils espèrent eux aussi"
J'ai mis mes gants d'hiver et mon bonnet blanc. Je réchauffe ses mains entre mes gants. Ses grosses mains de travailleur. Ces grosses mains qui ont grandis au soleil et ont vécus mille sourires et aventures avant d'échouer ici. Mes pieds me piquent trop fort.
Le soleil commence à éclabousser les immeubles et les grues autour. Il est bloqué derrière le WTC, l'immeuble dans lequel on attend de pouvoir entrer.
Une foule qui grouille et qui avance au rythme des claquements de talons. C'est l'heure de pointe dans la gare du nord.
Ils ne m'ont pas laissée entrer avec lui. A 8h, la porte s'est ouverte. Pour 1h seulement. Alors la file a commencé à s'enfiler par cette petite porte qui crève le WTC. Il y avait des policiers partout, des portiques détecteurs de métaux, des tapis sur lesquelles défilaient les sacs. La famille aux cinq enfants est entrée, elle s'est faite fouillée. Comme tous les autres. Il y avaient des affiches "Retours volontaires" partout. Des gros blancs qui parlaient sans phrase.
"Nationalité"
"Ouvrez vos manteaux"
"Avancez"
Vous n'êtes pas des êtres humains.
Vous n'avez rien.
On a tous pouvoirs ici, et vous n'êtes rien.
Sans histoires, sans passés, sans racines.
Votre avenir, on le tient au creux de notre grosse main.
On vous le balancera à la figure quand on l'aura décidé.
"Et vous?" "J'accompagne cet homme" "Non, sortez".
Alors, je suis partie. En pensant qu'il ne ressortirait peut-être pas d'ici. En pensant qu'ils allaient l'emmener quelque part, loin. Peut-être le renvoyer dans son pays.
Alors, j'attends au milieu de la gare du nord pour avoir moins froid. Au milieu de tous ces gens qui déboulent de partout comme un courant. J'ai moins froid mais j'ai peur.
8h plus tard, il est sorti. Libre. Après avoir été fouillé, enregistré, interrogé.
"Nom?"
Celui de mon père. Celui qui existe depuis des générations. Celui qui raconte la lignée de mes ancêtres.
"Prénom?"
Celui que m'a donné mon père.
"Vous êtes de quel pays?"
Le pays de Soudiata Keita, d'Ali Farka Touré. Le pays où l'on parle plus de treize langues différentes. Qui s'étend sur des milliers de kilomètres. Qui voyage entre les paysages verts et les mystères du désert.
"Pourquoi vous êtes là?"
Parce que j'en ai envie. Je veux être libre d'aller où je veux sans me justifier.
Pendant 8h, il est resté enfermé avec tous ceux qui avaient pu entrer, sans avoir le droit de sortir. Entouré de flics comme s'ils étaient en prison. Comme s'ils étaient des criminels.
Le chemin commence maintenant. Il est bourré de détours et de mailles serrées qu'il va falloir enjamber, contourner, dénouer.
(J'ai écrit ce texte le 16 avril 2012. Il relate le passage obligé de tout ressortissant non européen qui arrive en Belgique, de tout demandeur d'asile: l'inscription à l'Office des Étrangers.)
Creuser
(1/03/2014)
Creuser un petit trou derrière cet écran.
Gris, terne, qui enferme.
Ce masque d'une réalité rigide et plantée de cases.
Ces cases dans lesquelles il faut se couler alors qu'on a pas la forme qu'il faut.
Dans lesquelles il faut se liquéfier, fondre alors qu'on est pas de ce liquide là.
Alors que chacun a sa propre texture, sa propre odeur, sa propre histoire.
Comment tout peut être contenu dans des cases?
Ces cases ne ressemblent à personne.
Elles ont été crées de béton, de plastique, de reflets, d'illusions, de cravates et d'asphalte.
Elles écorchent les formes, les milliers de formes.
Elles en arrachent des morceaux, les écrasent, les taillent, les découpent, les dépigmentent.
Elles détruisent l'unité, l'humanité.
Elles éteignent les accents, les couleurs, les nuances, les traits qui unissent, les contours, les sourires, les rires éclatants, les gestes éparpillés, le plaisir jeté, la chaleur, la douceur, les regards longs, ronds, justes.
Il n'en reste que des cases ternes, un tas de formes séparées, dispersées d'elles-mêmes.
L'écran est là, sous nos yeux.
Nuque coincée.
Immobilité engluée.
L'écran modèle, force, coupe les regards.
Les épaules tombent avec eux.
Et pourtant.
E pourtant, creuser un petit trou. Parce qu'on le sait se qui cache derrière, c'est en nous.
Un petit trou. L'agrandir chaque jour un peu plus. Percer encore et encore.
Fissurer cette écaille de fausses notes. De sons qui n'existent pas vraiment.
Revenir. Encore et encore percer.
Puis fracasser, à coups de confiance, de sourires, de nuances, de gestes et de couleurs.
Le regarder s'écrouler et libérer cette immensité.
Retourner en soi. Renouer.
Le ciel est immense derrière l'écran.
Quelque chose approche
Souris, baleine, hippocampe et poisson chat!
(Quelque part vers le mois de décembre)
Une seule journée. Un matin se lève, un soir se
couche et pendant ce temps, la boîte à rêves a le clapet qui sort de ces gonds.
Pas de soleil, qu’à cela ne tienne! Appelez moi
l’éclairagiste.
Comment, ils
n’ont pas besoin de lumière? Comment cela serait-il possible?
Pas de chauffage, peut importe, amenez le
plombier du ciel! Il fera quelque chose.
Mais comment cela, ils n’ont pas froid? Enfin
ces gens seraient-ils autre chose que des humains?
Mais certainement madame. Elle, c’est la Reine
de l’humeur, elle dit que tout est en ordre aujourd’hui. Que nous pouvons nous
reposer. Ils semblent s’être éveillés depuis longtemps.
A quoi sert-on si nous ne pouvons plus leur
ouvrir les yeux? Les étirer, leur écarter la bouche quand ils baillent. A quoi
sert-on si quelque chose d’autre que nous leur fait rougir les turbines. Que
deviendront nous?
Voilà des semaines que cette baleine loge dans
son estomac. Oui, une baleine, absolument. Une baleine! Bien sur, elle se
liquéfie, c’est qu’il n’y aura bientôt plus de place! Réfléchissez un peu. Où
le mettrons-ils sinon? Bien sur elle ne partira pas sans laisser un héritier.
Un poisson chat me semble-t-il. Il restera à sa taille de base par contre.
C’est ce qui a été convenu en tous cas. Oui, c’est toujours comme ça. Pas de
répit pour les fabriqueuses de vie.
Oui, j’ai entendu parler de cette souris qui
court dans sa tête. On raconte qu’elle serait agoraphobe. Oui, une souris
agoraphobe. Elle n’aime pas séjourner avec les idées de madame et leur mène la
vie dure. C’est qu’elle devient hystérique. Mais non, la souris pas madame.
Oui. Et alors elle se met à courir partout sans prendre garde à toutes ces
broutilles qu’elle envoie valser. Oui, des broutilles c’est ce que je dis. A
quoi bon toutes ces choses dans un cerveau de femme? Il suffit d’un sourire et de
douceur. Que faut-il d’autre? Madame se plaint d’avoir le cerveau liquéfié.
Tant mieux pour elle, elle devient convenable au moins. Peut-être même qu’elle
finira par se taire.
On raconte bien d’autres choses vous savez. Le
temps est devenu bizarre ces temps-ci. Il s’agite et se secoue, puis sans nous
prévenir il s’arrête. J’ai failli me briser le nez la dernière fois. Sans
prévenir je vous dis. Ils parlent d’une journée, arrivent le sourire béant et
nous parlent d’une journée. Mais nous, nous savons qu’il y a des semaines que
ça dure. Oui peut-être celle-ci est-elle plus… Mais bon tout de même, le temps
devient fou je vous le dis!
Tourbillons. Vagues. Rafales. Élans. Brises.
(21/03/2014)
Je vogue sur ce temps là de ma vie.
Ballotée, entrainée. Tout se bouscule.
Le temps fait des bons. Et pourtant j'attrape.
Je ressens, je pénètre entièrement ces moments.
Une profondeur. Je rentre en moi.
En ce corps qui change.
Tellement présent qu'il m'embarque loin des éboulis glissants.
Il imprègne chaque repos, chaque pas, chaque réveil.
Ce corps qui pèse, qui tire, qui se courbe, qui change d'équilibre.
Les douleurs sont là pour m'y faire entrer.
Elles sont les portes par lesquelles je me pose sur ce temps là de ma vie.
Par lesquelles je rencontre cette nouvelle vie qui vient chambouler la mienne.
Lui faire prendre une nouvelle courbe, une nouvelle couleur, une nouvelle odeur.
Qui en contiendra des milliers de nouvelles courbes,
de nouvelles couleurs,
de nouvelles odeurs.
La découverte d'une nouvelle vie vient teinter chacun de mes moments.
Je ne finis d'apprendre comment il grandit,
Comment il évolue,
Comment il ressent,
Comment il voyage en moi,
Comment il va me rejoindre.
Je ne finis pas d'apprendre tout ce qu'il éveille en moi,
Toutes celles que je peux être.
Je ne finis pas d'apprendre qui nous sommes,
Tout ce que nous pouvons être,
Tout ce que l'on devient,
Ensemble.
Nous trois.
Drame au cirque!
Depuis le mois d'août j'ai lancé le projet "Madaguiri". La première formule était composée de quatre personnes: Guida, Matheus, Adama et moi. Ensemble, on a créé le spectacle de fin d'année "Les cinq portes de l'Avent" et puis, la vie en a attrapé certains pour les mettre dans des projets qui leur ressemblent plus. Il reste donc moi, et Adama, de temps en temps. Du coup, il m'a fallu recruter de nouveaux animateurs! Pour les "tester", Madaguiri s'est incrusté chez Cap Famille ASBL et a participé à la création d'un spectacle de marionnettes, à l'occasion des vacances de Carnaval.
Actuellement: les statuts de Madaguiri ASBL sont en cours de rédaction, relecture et tout et tout, pour bientôt être enregistrés officiellement!!
En attendant, voici quelques images de notre petite aventure marionnesque et un petit film du spectacle intitulé: Drame au cirque!
Les Cinq Portes de L'Avent
Oyé oyé! Un spectacle de fin d'année pour toute la famille par le collectif Madaguiri!
On vous y attend nombreux! Cliquez sur l'image ci-dessous pour connaitre tous les détails!
L'automne est là...
Voici un petit montage vidéo qui rend hommage à notre beau projet de Recueil de Contes!
"Les Suers Bio-Héros sauvent la planète".
"Les Suers Bio-Héros sauvent la planète".
On était présent pour le partager à la fête d'inauguration le 24 octobre dernier, pour Bubble. Un projet de Bruxelles Environnement qui rassemble les acteurs de l'éducation sur la protection de l'environnement.
On y a notamment découvert les actions bien engagées des élèves du Collège Saint-François. Ils sont incroyablement motivés et investis. ils étaient une bonne douzaine à nous parler de leurs efforts au sein de l'école pour sensibiliser leur entourage. Ils nous ont appris à préparer des produits ménagers naturels, ils nous ont montré leur journal qu'il crée eux-mêmes et qui reprend tous leurs efforts. C'était dingue et super encourageant de voir des jeunes aussi lucides et parlant aussi bien des problèmes du gaspillage de l'eau par exemple, ou encore de la destruction des forêts. On a été super impressionnées!
J'en ai également profiter pour parler de Madaguiri et de notre projet "le Cabaret des poubelles" qu'on espère bientôt voir se réaliser concrètement.
D'ailleurs pour faire de la Pub, Madaguiri honorera son premier contrat le 8 décembre au Centre Communautaire ARA au cours d'un spectacle musical de Théâtre d'ombres "Les cinq portes de l'Avent".
Il sera également donné le 21 décembre à la Bibliothèque du Centre de WSP.
Il sera également donné le 21 décembre à la Bibliothèque du Centre de WSP.
Bon visionnage et bon mercredi à vous!
Mon nouveau Book!
Voilà, il est tout nouveau tout beau. Je viens de le refaire alors
n'hésitez pas à aller vous y balader en cliquant sur l'image suivante.
n'hésitez pas à aller vous y balader en cliquant sur l'image suivante.
La bouillie
J'ai fait une formation pour apprendre à faire de jolis sites. Mon premier c'est celui de Madaguiri, cliquez sur le l'image qui suit pour le visiter.
... A bajoues rouges
Un jour, je marchais dans la rue. Une rue pavée. Une de celles qui ruissellent dans cette bonne vieille Bruxelles. Vieille au sens qu'elle est unique alors je me permets d'être familière avec elle. Et puis j'estime en avoir le droit, je viens de fêter mes 7 ans avec elle.
7 années depuis ce jour où elle est apparue au loin, splendide, excitante, mystérieuse, attirante, alors que j'étais dans un train.
7 années depuis ce soir où j'ai fait le vœux de vivre en elle, d'en faire partie, d'en être un petit morceau pour qu'elle en soit un de ma vie. D'ailleurs, je me souviens que la couleur qui avait appelé mes yeux quand je découvrais ce nouveau pays à travers la fenêtre du train était le rouge. J'avais décidé que sa couleur, pour moi, ce serait le rouge.
Donc ce jour là, je marchais dans la rue. Une rue pavée qui fait partie du méli-mélo de boyaux qui composent Saint-Gilles, précisément. Ce quartier où je vis, où j'ai étudié. Ce quartier que j'ai pu regarder à travers des yeux différents, à plusieurs moments de ma vie avec Bruxelles. Parce que je vis avec elle. A son rythme, je compose le mien. Depuis 7 année.
Alors, ce jour là, je marchais dans une rue pavée en pensant "Il faut que je trouve un abat-jour pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M. Dédé." ça faisait des années qu'il l'attendait son abat-jour. Souvent j'y pensais "Il faut que je trouve un abat-jour pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M. Dédé." Et puis, une autre chose entrait dans ma tête et se mettait exactement à la même place que cet abat-jour et ce pieds de lampe. Du coup, le temps passait. A force.
Et finalement, ce jour là, je marchais dans une rue pavée, c'était justement un de ces moments où je pensais "Il faut que je trouve un abat-jour pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M. Dédé." Et là, par terre entre deux voitures, un peu sale mais pas trop, juste quelques bouts de terre, il y avait un abat-jour.
Un grand, tout simple, beige, un peu moche. Il était fait de cette matière de vieux abat-jours qu'on imagine portant des perles dans un salon qui sentirait le renfermé avec de la tapisserie à fleurs. Y'aurait du parquet craquant tellement ciré qu'on pourrait s'y voir en se penchant. On serait obligée de marcher avec des patins pour pas l'abîmer. Sous la lampe, y'aurait Henriette qui tricote des petits chaussons pour son arrière-petit-fils, le huitième qui est encore au chaud dans le ventre de sa petite-belle-fille, Églantine. D'ailleurs son arrivée est prévue d'un jour à l'autre et Henriette a encore du travail pour que son arrière-petit-fils ne découvre pas trop vite la sensation de froid au pieds. Y'a des choses comme ça dans la vie qu'il faut pas découvrir trop vite, on en souffre suffisamment tout au long de sa vie. Et puis, il aura déjà tellement de chocs en sortant de son abri le pauvre petit. Henriette elle a vraiment de la chance parce que si sa maison sent le renfermé c'est juste à cause de tous les vieux trucs dont elle ne peut se séparer, du fait qu'elle vit en Belgique et qu'elle aime pas les microbes. Mais pas parce qu'elle est seule. Toute sa famille est là, tout près et prend bien soin d'elle. C'est même elle qui veut pas quitter sa maison. Son gentil gendre, Louis, il lui a bien proposé de venir s'installer dans leur maison. Mais Henriette elle veut pas. Elle veut rester chez elle avec tous ses vieux trucs dont elle ne peut se séparer. Et puis qui prendrait soin de son beau parquer tellement ciré qu'on pourrait s'y voir en se penchant si elle était pas là pour dire à Martine qui fait le ménage comment on fait avec ce parquet là. Il faut lui répéter à chaque fois, elle oublie souvent des petits coins. Henriette doit rester pour la surveiller. C'est qu'elle était là le jour où on l'a posé ce parquet. Elle venait de se marier avec son feu Robert. Ils étaient jeunes et elle était très belle. Leur aîné, Dominique, était déjà en route.
Enfin bref, ce jour là, dans cette rue pavée, entre deux voitures, y'avait cet abat-jour. Il était assez grand pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M.Dédé, nu depuis trop d'années. Plus d'années même que Bruxelles et moi. Je l'ai ramené à la maison, je lui ai fait une petite toilette, j’ai dévissé l'ampoule, j'ai posé l'abat-jour, j'ai revissé l'ampoule et enfin, je l'ai allumée, ma lampe entière. Ce fut un sacré moment.
Ce jour là, j'ai aussi décidé que je lui referais une beauté à cet abat-jour, un ravalement de façade à ma façon. Il fallait lui créer une nouvelle identité. Mais là encore, le temps est passé et beaucoup d'autres choses ont pris la place de cette idée dans ma tête. Pourtant, elle restait, elle se déplaçait au fil des monuments qui se croyaient plus important qu'elle. Elle, elle s'en foutait, elle savait que son moment viendrait, elle était pas pressée, ça lui suffisait d'exister quelque part.
Et ce moment est finalement venu. Un soir, le soleil n'était pas encore parti faire sa ronde de nuit, il n'y avait pas beaucoup de choses importantes qui encombraient ma tête et cette idée a pointer le bout de son "I". Quand elle a vu qu'il y avait de la place, elle s'est mise à grandir pour montrer au monde qui elle était. Qu'elle aussi importante que tout le reste. Et elle avait raison. Pendant un long moment, elle a été ma plus importante. J'ai pris mes pinceaux, mon encre, j'ai fouillé dans mon tas de papiers trouvés qui sentent le renfermé, j'ai brandit ma colle blanche et je lui ai refait son ravalement de façade à cet abat-jour.
Maintenant, ma lampe est entière. Elle a une histoire unique, qui lui appartient.
Elle fait partie de moi et de mon histoire à moi.
Un grand, tout simple, beige, un peu moche. Il était fait de cette matière de vieux abat-jours qu'on imagine portant des perles dans un salon qui sentirait le renfermé avec de la tapisserie à fleurs. Y'aurait du parquet craquant tellement ciré qu'on pourrait s'y voir en se penchant. On serait obligée de marcher avec des patins pour pas l'abîmer. Sous la lampe, y'aurait Henriette qui tricote des petits chaussons pour son arrière-petit-fils, le huitième qui est encore au chaud dans le ventre de sa petite-belle-fille, Églantine. D'ailleurs son arrivée est prévue d'un jour à l'autre et Henriette a encore du travail pour que son arrière-petit-fils ne découvre pas trop vite la sensation de froid au pieds. Y'a des choses comme ça dans la vie qu'il faut pas découvrir trop vite, on en souffre suffisamment tout au long de sa vie. Et puis, il aura déjà tellement de chocs en sortant de son abri le pauvre petit. Henriette elle a vraiment de la chance parce que si sa maison sent le renfermé c'est juste à cause de tous les vieux trucs dont elle ne peut se séparer, du fait qu'elle vit en Belgique et qu'elle aime pas les microbes. Mais pas parce qu'elle est seule. Toute sa famille est là, tout près et prend bien soin d'elle. C'est même elle qui veut pas quitter sa maison. Son gentil gendre, Louis, il lui a bien proposé de venir s'installer dans leur maison. Mais Henriette elle veut pas. Elle veut rester chez elle avec tous ses vieux trucs dont elle ne peut se séparer. Et puis qui prendrait soin de son beau parquer tellement ciré qu'on pourrait s'y voir en se penchant si elle était pas là pour dire à Martine qui fait le ménage comment on fait avec ce parquet là. Il faut lui répéter à chaque fois, elle oublie souvent des petits coins. Henriette doit rester pour la surveiller. C'est qu'elle était là le jour où on l'a posé ce parquet. Elle venait de se marier avec son feu Robert. Ils étaient jeunes et elle était très belle. Leur aîné, Dominique, était déjà en route.
Enfin bref, ce jour là, dans cette rue pavée, entre deux voitures, y'avait cet abat-jour. Il était assez grand pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M.Dédé, nu depuis trop d'années. Plus d'années même que Bruxelles et moi. Je l'ai ramené à la maison, je lui ai fait une petite toilette, j’ai dévissé l'ampoule, j'ai posé l'abat-jour, j'ai revissé l'ampoule et enfin, je l'ai allumée, ma lampe entière. Ce fut un sacré moment.
Ce jour là, j'ai aussi décidé que je lui referais une beauté à cet abat-jour, un ravalement de façade à ma façon. Il fallait lui créer une nouvelle identité. Mais là encore, le temps est passé et beaucoup d'autres choses ont pris la place de cette idée dans ma tête. Pourtant, elle restait, elle se déplaçait au fil des monuments qui se croyaient plus important qu'elle. Elle, elle s'en foutait, elle savait que son moment viendrait, elle était pas pressée, ça lui suffisait d'exister quelque part.
Et ce moment est finalement venu. Un soir, le soleil n'était pas encore parti faire sa ronde de nuit, il n'y avait pas beaucoup de choses importantes qui encombraient ma tête et cette idée a pointer le bout de son "I". Quand elle a vu qu'il y avait de la place, elle s'est mise à grandir pour montrer au monde qui elle était. Qu'elle aussi importante que tout le reste. Et elle avait raison. Pendant un long moment, elle a été ma plus importante. J'ai pris mes pinceaux, mon encre, j'ai fouillé dans mon tas de papiers trouvés qui sentent le renfermé, j'ai brandit ma colle blanche et je lui ai refait son ravalement de façade à cet abat-jour.
Maintenant, ma lampe est entière. Elle a une histoire unique, qui lui appartient.
Elle fait partie de moi et de mon histoire à moi.
Madaguiri est né!!!
Madaguiri c'est un nouveau projet d'association avec des gens, dont le but est clair!
Cliquez sur le nom pour découvrir.
Un peu de pub!
Un petit nouveau dans "Des gens et des blogs", mon amoureux qui fait beaucoup de trucs sympas dans la musique.
Un éléphant et une girafe
Je suis rentrée de vacances!! Voilà la suite des aventures de Unanana et ses enfants qui ont l'air de galérer un peu quand même...
Dés que je le peux, je scanne des extraits de carnets et je les mets ici.
En attendant, une petite vidéo pour fêter l'été!!
Anichou
Voici les premières pages de Unanana. Je suis encore en train de tâter le terrain au niveau de la typo, si vous avez des suggestions d'ailleurs elles seront les bienvenues.
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