T'as mal aux pieds

Un Trajet jusqu'à l'autre bout du monde.


T'as mal aux pieds? Tu piailles. Tu te plains. Tes pieds, ils te disent quoi?


T'as mal aux pieds, baisse toi, écoute les. Le sol est en plastique. Il brille. Tes pieds ils veulent juste toucher. Ils veulent savoir. Ce sol, il existe pas pour eux. Il existe pour les gens qui passent, les escarpins, les talons qui portent des pieds qui fuient après. Ceux là, restent pas longtemps. Ils aiment pas les autres chaussures, ils en jalousent certaines. Ces pieds là, ne peuvent pas rencontrer la corne des tiens. Ils ont la leur, ça leur suffit.


T'as mal aux pieds. Tu veux prendre les transports. Pour y aller, il faut prendre le métro, puis un train, puis l'avion, puis des Escalators, puis le métro, puis le bus, puis un tram, puis un tapis qui avance, puis un quai, puis un ascenseur, et enfin un taxi. Et c'est bon. Tes pieds ne seront pas sollicités.


T'as mal aux pieds, à l'arrivée, ils auront sûrement peur. Ils auront pas vu le passage de cette odeur à la nouvelle.


T'as mal aux pieds. Tes pas se sont perdus là. Entre ces croisements de trop de peuples, de pieds, de marques, de cuir, de daim, de plastique. Ils ont pleuré. Personne ne les a regardé. Ils sont au chaud maintenant.


T'as mal aux pieds. Avant ils se reconnaissaient. Se suivaient, marchaient ensemble, se marchaient dessus. Maintenant, ils se fuient, s'indiffèrent. Ils sont chacun un qui ressemble pas aux autres qui veut pas être les autres, mais juste lui.


T'as mal aux pieds. Ils savent qu'ils sont tous ornés de cinq orteils chacun. Ils savent que tous, ils en portent cinq. Tordus, Longs, courts, assemblés, boudins, fils. Ils ont en cinq chacun.


T'as mal aux pieds. C'est vrai qu'ils sont gonflés. Ils ont suivi la masse. Ils se sont faits emportés. Les stries, les bouts de carrelage cassés, les pavés, les sacs plastiques, les bouts de sandwich pas finit, les chewing gum collés, les merdes de chiens, les tapis pour s'essuyer les pieds, les montés, les descentes, les vitesses, les arrêts, les attentes, les courses, les glissements, les marches, ils ont rien compris.


T'as mal aux pieds. Si t'as mal aux pieds, c'est qu'ils sont enfermés par ces chaussure qui ne sont pas à leur taille, pas à leur forme, qui les barricadent derrière une paroi qu'ils connaissent pas.


Si t'as mal aux pieds c'est parce que t'as oublié qu'ils étaient vivants, t'as oublié à quoi ils te servaient. Ils te servent à marcher, pas à attendre le métro. Ils te servent à courir, à aller là bas, à sentir que t'y es et que t'y était pas avant. Pendant, t'étais ailleurs, quelque part à chaque pas.


T'as mal aux pieds parce que t'as oublié qu'ils voulaient exister comme toi. Ils voient que tu te perds, que tu sais plus où tu vas. Ils passent leur temps à essayer de t'orienter.


T'as mal aux pieds parce que ton cerveau il est bouché. Le gel ça colle. La laque, ça bouche. Le fard, ça ferme. La crème anti-ride ça recouvre.


T'as mal aux pieds et ton ego te déteste. Ta mal aux pieds et ton ventre crie. T'as mal aux pieds et tes chiottes pu chaque fois que t'en sort. T'as mal aux pieds et tes yeux sont astigmates, s'ils pouvaient te gerber dessus ils le feraient, te renvoyant l'éblouissement qu'ils se prennent à la gueule. Trop de saturation, trop de lumière, trop de choses, ils se perdent. Mais toi, t'as mal aux pieds, alors tu dit que tu vas acheter une nouvelle pair de chaussures.


T'as mal aux pieds. Si t'as mal aux pieds, c'est parce que t'as oublié que leur sol, il est vivant. Lui aussi. Les cailloux, ça fait mal aussi, mais tu les a oubliés. Maintenant tu marche sur du faux et t'as mal aux pieds quand même.


T'as mal aux pieds parce que t'as juste oublié une vie et celle de tout ce qui t'entoure. Tu t'es laissé emporter par ce qu'on t'as mis sous les pieds, sans te demander s'ils aimaient. Si toi t'aimais vraiment. T'as pris parce qu'on te l'a mis sous les pieds, comme ça, avec un emballage brillant dans lequel se reflétait ta face.


T'as mal aux pieds parce que tes yeux se perdent dans tes reflets. Ceux qu'on a mis sur ton chemin, comme des flèches à suivre. Des barrières dressées autour de toi, pleines de paillettes. Et toi tu souris. Bêtement.


T'as mal aux pieds parce que tu te prends des portes. Celles que t'as montées puis oubliées. Elles sont pas transparentes, c'est toi dedans. Tu te les prends dans la gueule et tes pieds aussi, parce que tu sais plus les voir. Tu sais plus voir où sont les fausses images qui te ressemblent plus.


T'as mal aux pieds parce que t'as oublié d'écouter. T'as oublié de reconnaître, de savoir, d'où ils viennent. De toi même. Mais tu sais plus. Qui c'est çà? Toi même.


T'as mal aux pieds parce qu'ils en ont rien à foutre d'être emballer dans les mêmes morceaux de plastique que les autres.


T'as mal aux pieds, apprends leur à marcher. A sauter. A danser. Tu sais danser? Tu sais ce qu'ils font quand ils dansent. Ils écoutent, ils sentent, il attendent les vibrations du sol. Mais celui là, il est en plastique. Il est vide. Aucune note ne pourrait y galoper. Elle s'y écraserait. Mais toi, tu chantes comme un pieds.


T'as mal aux pieds parce que t'as oublié qu'ils te portent. T'as oublié que sans leur lien avec le sol, tu vas nulle part. Que sans leur forme ils ne t'appartiennent plus. Que cette odeur qui te dégoûte quand t'enlève tes chaussure, elle existait pas avant. Eux, ils en ont rien à foutre du talc.


T'as mal aux pieds, et si t'attends encore tu ne les sentiras plus. Ils arrêteront de te parler, de se forcer. Ils en ont rien à foutre des filtres qui t'entourent, te rassurent, te perdent, te ridiculisent, t'abrutissent, te déforment, te confortent, t'illusionnent, te déguisent, te recouvrent, te cachent, te font peur, te sèment, te suivent, te rendent, te recrachent humiliée, t'enferment dans ta peur, te brisent, te mentent, te... Ils en rien à foutre. Ils veulent disparaître. Pas cacher, mais plus là. Sans exister du tout. T'en feras ce que tu en voudras à ce moment, mais tu les aura perdus.


T'as mal aux pieds, enlèvent tes chaussures. Sors d'ici, de ce centre commercial, de cette rue, sous la pluie. Sors de cette ville. Offrent leur de la poussière, de la merde, des pas, au passage. Offrent leur des plaies, des écorchures, des échardes, des sensations. Sors les de leur lobotomie. De ta lobotomie. Sors de cet endroit. Il ne t'appartient pas. Tu en as perdus les limites depuis longtemps. Tu sais même plus jusqu'où il va, où il s'arrête, s'il commençait là où t'es entrée, ou pas. Tu sais plus ce qu'il contient, ni à quoi il sert. Est ce qu'il sert vraiment d'ailleurs?


T'as mal aux pieds, laisse les te sortir de là. Laisse les crier. Laisse les t'emmener, rencontrer. T'es à People square, à Shanghai. T'as mal aux pieds, alors sors de cette foule, et fais toi marcher sur un des deux.

Petite épopée familiale

Aujourd'hui, c'est la journée mondiale contre l'homophobie alors je dédie cet article à tous les homophobes de la terre! Voici une petite histoire qui raconte une petite famille bien atypique et qui mérite un hommage sur cette page. Je m'excuse d'avance auprès des personnes de ma famille qui se sentiraient vexées.

Mon oncle par alliance, du côté paternelle, a passé beaucoup de temps à chambrer ma famille maternelle du fait qu'une des soeurs de ma mère est homosexuelle. Ce côté de la famille a souvent fait jaser, et pour d'autres raisons d'ailleurs aussi... Il faut aussi préciser que tout cela se passe dans des bleds de campagne. Bref, un beau jour, mon oncle a appris que son frère, avec qui il a repris l'entreprise familiale, est homosexuel, lui aussi. Pan! Dans ta gueule! Petit scandale dans ces petites villes, gigantesque dans les égos de certains. Ce frère homosexuel s'est donc installé avec son ami, qui est brésilien, il me semble, en plus! Dans un village ou il n'y a qu'une famille arabe au milieu de français bien français (enfin c'est ce qu'on dit..), un couple homosexuel comportant un immigré devient plus intéressant que la fête foraine annuelle de la place de l'église!! Quelques temps plus tard, notre couple décide d'adopter. Ils sont donc partis en Afrique chercher deux petits bouts âgés de quelques années déjà, frère et soeur, pour les ramener et les élever. Imaginez un peu le scandale!! On entend certaines mamans, devant la porte de l'école, le soir à 16h30, qui se retrouvent avec ce brésilien homosexuel qui vient chercher ses deux enfants noirs, dire : "Nan, mais il est gentil, c'est pas ça, et les enfants sont mignons, mais bon, quand même... Vous imaginez... Ha mais par contre, rien à lui reprocher, il est toujours à l'heure, et puis ils ont l'air bien traités... Mais bon quand même.... Remarque, c'est peut être toujours mieux que là où ils étaient, mais bon, quand même.... Et puis j'espère que ça va pas donné de mauvaises idées à nos gamins..." Elle sourient gentiment à la petite famille multicolore qui monte dans son opel grise en se disant que jamais, elles n'achèteront d'opel grise... Mon cousin se retrouve donc avec un nouveau tonton et deux nouveaux cousins de son âge. Ce que les gens de cette ville ne voient pas, c'est que cette famille est constituées de gens, qui s'aiment, se soutiennent, se disputent comme toutes les autres familles. A part, l'opel grise, cette famille a les mêmes ingrédients, certes un peu plus diversifiés, pour vivre. Je leur souhaite quand même beaucoup de courage parce que restés unis en vivant dans ce contexte me parait digne d'une épopée... D'ailleurs, avoir été capable de créer cette famille en connaissant les règles du jeu, ça c'est avoir des couilles! Je les admire un petit peu quand même... Du fait aussi d'avoir rendu mon oncle beaucoup plus tolérant, du coup....

Cet article est inspiré par un article de Djou. Allez jetez un œil, ça vaut le coup.

Jeu d'éveil

La première planche d'un projet en cours...

LG



Ça, c'est des dessins pour une pub. Ouais, une pub "LG", pour un lave linge. Ouais. Du coup, maintenant, je peux ajouter une catégorie dans mon blog: "Pro". Ouais.