La bouillie



J'ai fait une formation pour apprendre à faire de jolis sites. Mon premier c'est celui de Madaguiri, cliquez sur le l'image qui suit pour le visiter.


Décoration

J'ai fait quelques retouches à Unanana, la suite ne va pas tarder.



L'île de la Tortue


Une commande pour ma chère Anneuh de Montmirailleuh!
Imprimé sur toile 70/90 cm.


... A bajoues rouges

     Un jour, je marchais dans la rue. Une rue pavée. Une de celles qui ruissellent dans cette bonne vieille Bruxelles. Vieille au sens qu'elle est unique alors je me permets d'être familière avec elle. Et puis j'estime en avoir le droit, je viens de fêter mes 7 ans avec elle.
     7 années depuis ce jour où elle est apparue au loin, splendide, excitante, mystérieuse, attirante, alors que j'étais dans un train.
     7 années depuis ce soir où j'ai fait le vœux de vivre en elle, d'en faire partie, d'en être un petit morceau pour qu'elle en soit un de ma vie. D'ailleurs, je me souviens que la couleur qui avait appelé mes yeux quand je découvrais ce nouveau pays à travers la fenêtre du train était le rouge. J'avais décidé que sa couleur, pour moi, ce serait le rouge.

     Donc ce jour là, je marchais dans la rue. Une rue pavée qui fait partie du méli-mélo de boyaux qui composent Saint-Gilles, précisément. Ce quartier où je vis, où j'ai étudié. Ce quartier que j'ai pu regarder à travers des yeux différents, à plusieurs moments de ma vie avec Bruxelles. Parce que je vis avec elle. A son rythme, je compose le mien. Depuis 7 année.

     Alors, ce jour là, je marchais dans une rue pavée en pensant "Il faut que je trouve un abat-jour pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M. Dédé." ça faisait des années qu'il l'attendait son abat-jour. Souvent j'y pensais "Il faut que je trouve un abat-jour pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M. Dédé." Et puis, une autre chose entrait dans ma tête et se mettait exactement à la même place que cet abat-jour et ce pieds de lampe. Du coup, le temps passait. A force.

     Et finalement, ce jour là, je marchais dans une rue pavée, c'était justement un de ces moments où je pensais "Il faut que je trouve un abat-jour pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M. Dédé." Et là, par terre entre deux voitures, un peu sale mais pas trop, juste quelques bouts de terre, il y avait un abat-jour. 
    Un grand, tout simple, beige, un peu moche. Il était fait de cette matière de vieux abat-jours qu'on imagine portant des perles dans un salon qui sentirait le renfermé avec de la tapisserie à fleurs. Y'aurait du parquet craquant tellement ciré qu'on pourrait s'y voir en se penchant. On serait obligée de marcher avec des patins pour pas l'abîmer. Sous la lampe, y'aurait Henriette qui tricote des petits chaussons pour son arrière-petit-fils, le huitième qui est encore au chaud dans le ventre de sa petite-belle-fille, Églantine. D'ailleurs son arrivée est prévue d'un jour à l'autre et Henriette a encore du travail pour que son arrière-petit-fils ne découvre pas trop vite la sensation de froid au pieds. Y'a des choses comme ça dans la vie qu'il faut pas découvrir trop vite, on en souffre suffisamment tout au long de sa vie. Et puis, il aura déjà tellement de chocs en sortant de son abri le pauvre petit. Henriette elle a vraiment de la chance parce que si sa maison sent le renfermé c'est juste à cause de tous les vieux trucs dont elle ne peut se séparer, du fait qu'elle vit en Belgique et qu'elle aime pas les microbes. Mais pas parce qu'elle est seule. Toute sa famille est là, tout près et prend bien soin d'elle. C'est même elle qui veut pas quitter sa maison. Son gentil gendre, Louis, il lui a bien proposé de venir s'installer dans leur maison. Mais Henriette elle veut pas. Elle veut rester chez elle avec tous ses vieux trucs dont elle ne peut se séparer. Et puis qui prendrait soin de son beau parquer tellement ciré qu'on pourrait s'y voir en se penchant si elle était pas là pour dire à Martine qui fait le ménage comment on fait avec ce parquet là. Il faut lui répéter à chaque fois, elle oublie souvent des petits coins. Henriette doit rester pour la surveiller. C'est qu'elle était là le jour où on l'a posé ce parquet. Elle venait de se marier avec son feu Robert. Ils étaient jeunes et elle était très belle. Leur aîné, Dominique, était déjà en route.

     Enfin bref, ce jour là, dans cette rue pavée, entre deux voitures, y'avait cet abat-jour. Il était assez grand pour le pieds de lampe que m'a fabriqué M.Dédé, nu depuis trop d'années. Plus d'années même que Bruxelles et moi. Je l'ai ramené à la maison, je lui ai fait une petite toilette, j’ai dévissé l'ampoule, j'ai posé l'abat-jour, j'ai revissé l'ampoule et enfin, je l'ai allumée, ma lampe entière. Ce fut un sacré moment. 

     Ce jour là, j'ai aussi décidé que je lui referais une beauté à cet abat-jour, un ravalement de façade à ma façon. Il fallait lui créer une nouvelle identité. Mais là encore, le temps est passé et beaucoup d'autres choses ont pris la place de cette idée dans ma tête. Pourtant, elle restait, elle se déplaçait au fil des monuments qui se croyaient plus important qu'elle. Elle, elle s'en foutait, elle savait que son moment viendrait, elle était pas pressée, ça lui suffisait d'exister quelque part.

     Et ce moment est finalement venu. Un soir, le soleil n'était pas encore parti faire sa ronde de nuit, il n'y avait pas beaucoup de choses importantes qui encombraient ma tête et cette idée a  pointer le bout de son "I". Quand elle a vu qu'il y avait de la place, elle s'est mise à grandir pour montrer au monde qui elle était. Qu'elle aussi importante que tout le reste. Et elle avait raison. Pendant un long moment, elle a été ma plus importante. J'ai pris mes pinceaux, mon encre, j'ai fouillé dans mon tas de papiers trouvés qui sentent le renfermé, j'ai brandit ma colle blanche et je lui ai refait son ravalement de façade à cet abat-jour. 

     Maintenant, ma lampe est entière. Elle a une histoire unique, qui lui appartient. 
Elle fait partie de moi et de mon histoire à moi. 







Ilyana


Un faire-part pour une amie qui vient de nous pondre une jolie petite métisse