Unanana








Voici les premières recherches pour mon projet d'illu avec CD audio fait par  
mon amoureux et moi en français et bambara. Je m'essaie à l'acrylique, pour une fois, du coup, je tâtonne un peu... Mais je m'amuse...



Le temps d'une ligne

C'est comme un murmure.
Une petite voix qui glisse en nous.
 
Ça s’écrirait sur le visage d’une femme. Sur les lignes que la vie a tracées dans sa chair. Ces lignes nous diraient tout. Tout ce qu’il faut savoir. Ça s’écrirait là comme des notes sur une portée et il nous suffirait de les lire.

Si seulement on savait regarder encore. Si seulement on savait se pencher sur ces visages qui nous entourent. Les scruter comme des indices de ce que nous sommes. Alors on aurait moins peur. On saurait que tout peut arriver, que la vie peut s’écrire en nous. Inévitable. Qu’on ne peut pas l’en empêcher. Qu’on peut seulement sourire de la chance qu’on a qu’elle nous caresse. Qu’elle nous pétrisse. Qu’elle nous forge.

Ça s’écrirait sur les lignes d’un visage. Un qu’on croiserait par hasard.

Si seulement. Si seulement, on arrêtait de les voir comme des dangers ces lignes. Ces traces, ces écorchures, ces ruisseaux, ces canaux de vie.

Ça se lirait sur un visage croisé dans le métro un matin pas réveillé. Un visage qui les rassemble tous. Qui les unit. Un visage qui les contient. Un simple visage qui n’avait rien prévu de tel. Qui ne saurait même pas. Simplement là. La paix descend souvent sans prévenir. Elle s’installe dans un rien.

Ça se croiserait sur un morceau de vie, un bout d’histoire qu’on ne connaitrait pas. Pas en détails. Pas en anecdotes. Un morceau d’humain qui éloignerait les ombres. Nous donnerait des réponses.

Si seulement. Si seulement on n’avait pas oublié. Si seulement on pouvait se souvenir de ce corps qu’on porte. Ce corps qui existe trop souvent à part. Comme un étranger. Comme ces gens qu‘on croise dans le métro et qu’on a peur de regarder. Comme ces odeurs qu’on a peur de rencontrer, ces peaux qu’on a peur d’effleurer, ces yeux qu’on a peur d’attraper.

Si seulement on savait écrire avec nous même. Si seulement on ne passait pas notre temps à nous fuir en se noyant dans le miroir. Si seulement on savait regarder encore.

La paix descendrait de tous ces gens croisés. Tous ces gens qui nous écrivent et que nous écrivons. Tous ces chemins qui se tracent dans nos histoires comme des lignes de ce que nous sommes.

Ça s’écrirait sur tous les visages croisés. Les ronds, les durs, les pâles, les émaciés, les rudimentaires, les colorés, les éteints, les boursouflés, les creusés, les fins, les tirés, les souples, les doux, les longs, les caressés, les aimés, les esseulés, les brisés, les raccommodés, les ternes, les …