La théorie des bidons d'eau

Y'a des gros bidons d'eau face à moi, contre le mur.
Ils sont bleus, y'en a des pleins et des vides.
Mes joues chauffent, mon cœur s'essaie à la valse.
Y'a une étagère, en face de moi, à côté des bidons bleus. Dans cette étagère il y a d'autres bidons bleus. Y'en a des pleins et un vide. Bizarre comme organisation. Je me demande s'il y a une logique. Les pleins d'un côté, les vides de l'autre?
J'entends les voix de l'autre côté de la porte. Mes doigts attrapent froid. Bientôt, c'est mon tour.
Oui, mais alors pourquoi y'a des pleins avec les vides et des vides avec les pleins?
J'essaie de ne pas commencer à formuler, dans ma tête, des phrases que je vais, de toutes façons, certainement leur dire.
L'autre sort.
Y'a mes lèvres et mon nez qui attrapent chaud.
Je tente un contact avec mon potentiel concurrent.
Il rerentre.
Son verdict?
Bordel!
J'ai la flippe!
Bordel de bordel!
Prendre un verre d'eau nonchalamment?
Non, pas l'courage!
Et puis il va aller où le bidon d'eau du distributeur?
Dans l'étagère ou contre le mur?
Bordel! J'attends, j'entends rire.
Mais oui, quand il sera vide? Où est ce qu'il va aller? Y'a presque plus d'eau dedans. Son verdict approche, quel sera son sort?
Et le mien?
J'aurais ce boulot ou pas?
Bordel! Mes doigts tremblent en écrivant.
Je me remercie moi même d'avoir pensé à prendre mon carnet.
Je me remercie moi même de faire en sorte, dans ma vie, de vivre ce genre de moments intenses.
Bordel! L'autre est sorti. Il a soufflé, il a répondu au téléphone, il est parti, je ne sais pas s'il a été pris.
Un type se sert un verre d'eau au distributeur.
Le bidon est bientôt arrivé à la fin de cette étape qui annonce la prochaine de sa vie. Mais de quel côté? Le mur ou l'étagère? Le côté des vides avec des pleins ou celui des pleins avec un vide?
Bordel! J'attends.

Je suis entrée, j'ai passé l'entretien, je suis ressortie, mais ce n'est pas si simple.
Mon sort oscille toujours entre le mur et l'étagère.
Il ne suffit pas de convenir au poste.
Il ne suffit pas que je me sois sentie comme une rose dans un rosier pendant ma journée d'essai.
Il ne suffit pas que l'équipe que je devrais rejoindre m'aie choisie, moi.
Il ne suffit pas que les enfants m'aient appréciée.
Ce n'est pas si simple.
Il faut aussi que je remplisse toutes les cases administratives de ce foutu système! Mon sort reste en suspend, pendant que je pars à l'aventure à travers les mailles de ce foutu système.
Actiris, ACS, tout ça...

Le verdict est tombé. Le bidon du distributeur est vide.
Il a trouvé sa place: au milieu des autres bidons bleus. Les vides et les pleins.
Mur ou étagère, peut importe.
Où qu'il soit, c'est qu'il doit y être.
Et puis y'aura une autre étape encore après, puis une autre.
Alors cette étape là n'est pas une fin en soit. Elle reste une étape.
Tout ça pour dire que
C'EST BON, J'AI LE BOULOT!!!!!! BORDEL!!!!!!
Et puis d'ailleurs, je suis partie avant de savoir ce qu'allait devenir le bidon du distributeur!

Vacances!!




Cette année, je suis allée visité mon cousin
qui vit dans un petit bled de Normandie.

J'ai vu la mer...

Le Mont St Michel est resté en arrière plan
de toutes mes ballades pendant ces quelques jours.
Balzane, le chien me suivait autant qu'elle me guidait.
J'ai croisé des chevaux qui profitaient de l'eau iodée,
mon cousin et son amoureuse m'ont emmenée dans leur univers
plein d'odeurs et de claquements de sabots.
Avec eux, j'ai suivi les coulisses des courses de Granville,
j'ai vu les muscles des chevaux se tendre,
j'ai senti l'intensité monter,
j'ai inspiré très fort et retenu mon souffle
à chaque saut sur la piste,
leurs veines ressortir après l'effort.

J'ai vu la mer...

Je me suis faite avalée chaque soir par la mer.
Dans ce ciel toujours encombré,
mon corps se perdait entre lui et elle.
Je disparaissais pour quelques brasses, ou juste pour être là.
J'ai croisé Copain le cochon, les poules,
les lapins et le canard de mon cousin.

A Paris, j'ai aussi croisé Corto Maltese.


































Le jeu de Mademoiselle Clémentine

Voici un nouvel essai pour cette case, je sens que ça viens!
La typo est tout à fait provisoire.
Et aussi, la BD a un nouveau nom...