Une rencontre

C'est un trajet qui poursuit une mélodie.
Chacun de ses pas s'accroche à elle.
Le balancement d'un corps se fond en elle.

Il scrute chacune de ses variations,
Des notes qui la composent.
Il épie les émotions qu'elle effleure.
Il suit les ondes qu'elle dégage et se laisse porter par sa légèreté.

Il aime chacun des rythmes qui ponctuent ses caprices.
Accélère la cadence lorsqu'ils se font impatients,
Ralentit, lorsqu'ils se font doux et s'arrête
Lorsqu'ils s'effacent pour laisser place
Aux humeurs des notes.

Celles ci se mélangent, s'harmonisent et s'équilibrent.
Elles composent une âme exigeante, qui impose son obéissance.
Elle y parvient en se faisant régulière, sensuelle, aguichante.
Elle s'imprègne au creux de chaque partie
Qui constitue l'être qui marche.
Elle s'y blottit, s'y réfugie de son seul gré.

Et lui, ne rejette pas cette soumission.
Il en devient serviteur heureux.

Il avait peur, il en a semé ses angoisses.
Il avait faim, chacun de ses pas nourrit ses envies.
Il avait froid, cette rencontre fortuite a réchauffé son coeur.
Il était épuisé, le sol qui le porte a revigoré son avancée.
Il était seul, cette mélodie est devenu sa compagnie.

Il la suivait, voulait la connaître.
Pour le punir d'avoir voulu la percer,
elle s'est emparée de lui et le séquestre d'une douce autorité.

Il sourit, elle l'habite.
Elle consume sa raison et s'empare de ses émotions.
Il ne ressent plus que sa présence, sinueuse, envoûtante
Et il avance.
Il en oublie le décor, le chemin qu'il doit suivre lui échappe.
Elle le crée, l'invente pour lui.
Il en a oublié la raison qui l'a poussé à marcher,
La destination de ce trajet.
Elle lui en a soufflé une nouvelle.

Et
Lorsqu'elle décide qu'ils y sont,
Elle le relâche.

Il retombe sur la réalité, se blesse sur sa rigidité.
Elle,
Elle s'estompe,
Puis disparaît.

Il la pleure, la deteste, l'aime, la désire,
La crie, la pleure, l'aime encore plus.
Ses yeux, son corps ne l'entendent plus.
Mais elle ne s'arrête pas de résonner en lui.
Elle rythme et sonne une douleur entière.

Son pas le pousse à continuer,
D'abord les yeux fermés dans cette plaie béante.

Puis il regarde,
Ensuite il voit.
Il redécouvre le décor.

Son trajet trébuche encore de se souvenir,
Ses pieds se heurtent un peu d'être revenus.
Mais il avance.

Elle est toujours là,
Dans chaque nouvelle note qu'il entend,
Dans ses anciennes qui l'emmenaient avant.
Elle en a coloré certaines d'une nouvelle chaleur.

Il retrouve la portée de son avancée,
Teintée de cette rencontre.
Et il avance.


Bordel, j'ai écrit ce texte il y a 4 ans.
En le réécrivant ici, je l'ai revécu et enfin fini.

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