Como un sueno



Como un sueno

Je dessinais un arbre.
J'étais ici comme j'aurais pu être ailleurs,
dans une ville ou y'a la mer.

Au milieu des boutiques de luxe,
des jeunesses dorées françaises,
des moins jeunes qui croient avoir raison sur la vie,
moi, j'étais là, et je dessinais un arbre.

Lui, il est sorti de nulle part.
Une guitare sur l'épaule,
une peau couleur café,
un collier qu'il a fait lui même,
et au lieu de me regarder comme une bête curieuse
qui fait quelque chose de curieux,
il m'a dit "Bonjour".
Au lieu de ne pas me voir,
et de tout faire pour ne pas me regarder,
il s'est approché, et il m'a dit "Bonjour".
Quand j'ai levé les yeux sur lui,
au lieu de les détourner il m'a montré les siens.

J'ai vu ses yeux, j'ai entendu son espagnol
et j'ai décidé qu'il serait mon aventure. Ma rencontre.
Celle qui ferait de cette ville La Rochelle,
pas seulement une ville où y'a la mer.

"Te espero"

J'ai remercié l'arbre, j'ai finis de l'attraper
et je l'ai rejoins, lui.

Un moment suspendu dans une bulle.
Avec ma rencontre, sa langue, sa guitare.
Ma voix, mes yeux calmes, qui sourient.
Ses traits d'indiens, son Équateur.
Mes tripes qui vivent ce moment.
Nos vies, ce qu'on choisit de partager.

La mer nous rejoint petit à petit.
Seul indice que le temps coule.

"Todo es possible"
Se revoir demain, s'explorer encore.
"Quiero terminar de pintarte"
Des promesses latines, de plaisir et de poésie.

Comme un rêve, je rêve à demain toute la nuit.

Quand le jour est arrivé,
quand Lincho s'est approché pour m'emmener vers ma "sorpresa",
je suis sortie d'ici,
de La Rochelle,
de cette journée.
Je suis entrée dans le présent.

On a marché sous le soleil,
en espagnol, près de la mer.
Au rythme des baisers qui promettaient,
et des sourires d'être là.
Je l'ai suivi les yeux fermés,
guidée par ses attentions.

Et là,
une apparition.
Son plaisir d'enfant à me regarder m'émerveiller.
Une apparition. Comme lui, sortie de nulle part.
Un endroit bleu d'eau calme,
fermé au creux du secret par des falaises,
un endroit qui brille de silence.
Retiré à quelques pensées de ceux qui passent.
Deux cygnes, l'eau, son bruit.
Un lac éclatant, brillant, perdu.
"Magico"

Comme un rêve.

Sa peau, sa voix, ses caresses, ma légèreté,
la simplicité de ses mots, ma curiosité
la générosité de ses mains, nos rires.
Nos corps deviennent un jeu,
nos gestes des explorateurs complices du même présent.
Découvrir et vivre pour que ça reste quelque part.
"Dibujarte con besos para recordar"

L'accord secret,
être là pour être là, sans attendre, plus ou moins.
Chaque regard vibre d'éphémère.
"Todo es possible"

Quand le temps est revenu,
le vent était là pour nous porter doucement jusqu'au retour.
Nos mains jointes, scellant notre accord secret.
"Los ultimos besos"

Je dessinais un arbre.
J'étais là, dans cette ville où y'a la mer.
Au milieu des restos à touristes,
des pavés plats, des murs beiges.
Moi j'étais là, je dessinais un arbre parce qu'il était au dessus,
il s'en foutait d'être beau, il le savait même pas.
Au milieu des tenues sophistiquées,
des cheveux lisses, des bulles de parfum,
moi, j'étais là, je dessinais cet arbre là.

Lui, il est apparu.
Il est sorti de nulle part.
Il n'essayait pas d'être, il était là lui aussi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire