Un vent tout neuf m'emporte mais pas trop loin quand même


Avant, je les voyais dans les call shop. Ils étaient ceux qui appellent au pays.
Ceux qui sont pas d'ici, qui parlent fort, pas comme les gens d'ici.
Ceux dont les mots et les voix ne résonnent pas comme ceux d'ici.
Avant, quand j'allais au call shop, je voyais les affiches à l'entrée, les tarifs pour les pays "du sud".
Mes yeux les observaient de loin, restaient extérieurs.

Maintenant, je suis entrée dans une de ces cabines.
Installée sur les genoux de celui qui vient de là-bas, j'ai eu le Niger au bout du fil.
Je l'ai écouté parler sa langue. Je l'ai entendue résonner dans une de ces voix qui ne sont pas d'ici. Mais celle là, elle est en moi maintenant.
J'ai eu le combiner à l'oreille, j'ai écouté et répondu à ces voix qui portent un accent dans leur français.
Ces voix qui sont loin.
Ces voix qui sont sa famille à lui, celui qui dort près de moi maintenant.
Ces voix me disaient que moi aussi, je suis de cette famille maintenant, qu'elles m'attendent la-bas.

Je suis entrée dedans, dans "ceux qui appellent au pays". Dans ces familles qui sont séparés pour des rêves qui le resteront. Qui peuvent devenir une chance, mais dont le prix pèse lourd.
Je suis entrée dans cette partie d'un rêve humain, que le monde est plus beau ailleurs.

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