La petite Mamie (4)

Voici la suite de la petite histoire de la petite Mamie. Je vous mets le début ici.
Bonne lecture...

"Le soir même, après que toute la maison se soit souhaitée une bonne nuit, qu'à chaque étage les lumières se soient éteintes, une ombre attendait au lieu de s'endormir. Elle attendait le bon moment. Patiente, et silencieuse, elle restait les yeux ouverts sur la nuit.
     Le signal lui fut donner quand un ronflement discret s'échappa des naseaux de papi, étendu à côté. L'ombre souleva lentement la couverture, elle dégagea prudemment ses jambes, les posa délicatement sur le parquet et se leva le plus silencieusement possible. 
     Elle s'immobilisa soudain, le palpitant suspendu, surprise par le craquement d'une latte de parquet. Elle attendit, inquiète. Mais le ronflement continuait, discrèt, de rythmer le silence. Elle se dirigea vers la porte, sortit de la chambre, longea le mur du couloir et s'y appuya pour respirer un moment.  Elle écouta, attentive. Aucun bruit ne trahissait la présence d'un autre habitant éveillé, elle était bien seule dans la nuit. La première étape avait été passée avec succès!
     Elle sortit de la poche de sa chemise de nuit en polaire rose, orné d'un jardin de fleurs, une petite lampe qu'elle alluma. Le faisceau de lumière éclaira le couloir, sa tapisserie à rosasses brunes et vertes, le petit meuble d'entrée, son petit napperon brodé d'une jeune femme puisant de l'eau dans le puits, et le petit pot en terre dans lequel ils mettaient les clés, les vices, les pièces rouges, et toutes les autres petites choses dont la place avait été oubliée par flemme. Ses petites choses devenaient un trésor quand, désespéré de ne pas trouver ce que l'on cherchait, on venait y puiser dans l'espoir d'y trouver la vice qui manquait, la clé qui ouvrirait cette vieille valise, la pièce qui permettrait d'acheter un petit bout de pain. Une fois par an, Papi décidait de prendre ce pot en terre et de trouver la place à chaque chose qui s'y trouvait. Il passait alors beaucoup de temps à vérifier chaque meuble, chaque appareil, chaque valise...
- Puisque nous avons tout notre temps maintenant que nous sommes à la retraite, pourquoi ne pas l'utiliser à remettre chaque chose à sa place? Qu'il répondait à Mamie quand elle lui disait qu'il allait encore perdre une journée à trier ces "machins seulement utiles à remplir ce pot en terre".
     Cette nuit là, Mamie, puisque c'était elle l'ombre qui s'était faufilée hors de son lit pour une escapade mystérieuse, sourit en pensant à ces petits moments avec Papi.
     Elle éclaira la porte qui donnait sur l'escalier, sa prochaine étape. L'ayant rejoint sur la pointe des pieds, elle tourna doucement la poignée, sursauta quand la porte se mit à grincer légèrement et commença à monter. Elle prenait grand soin d'éclairer la prochaine marche sur laquelle elle poserait son pieds, n'en détachant pas ses yeux. Se retrouver dans un escalier sans lumière était une de ses hantises. Elle sentait alors tous ses repères disparaître, les distances devenaient troubles, la mettant en panique, ce qui n'arrangeait rien.
     Quand elle posa le pieds sur l'avant dernière marche, elle s’arrêta. Le faisceau de la petite lampe de poche, dirigé vers la dernière marche, avait révélé une étrange boîte à chaussures. Posée là dans la nuit...

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