Des rencontres sur la colline


"Une petite dame danse avec son ruban. Je l'observe, elle s'approche de moi en me le tendant. Elle me prend la main pour m'apprendre à le manier. On rit ensemble sans aucun mot."


"Au sommet de Pékin. L'immensité de la cité interdite. La succession, superposition de ses toits, n'est qu'un petit grain minuscule dans ce tas d'immeubles, de maisons, de rues, de lacs, d'arbres, de pierres, de chinois. La ville s'étend à perte de vue, comme si même une fois qu'on ne la voit plus, elle continue jusqu'au bout... Partout autour, elle grappille, habite le paysage.
Mes chanteurs d'en bas sont venus me voir pour mes dessins. Ils me parlent, m'expliquent, mais je comprends rien. Ils argumentent, j'écoute. L'un d'eux écrit sur mon carnet. Je lui réponds, il sourit. Les autres rient, me font des pousses en l'air. Ils sont curieux. Finalement, on écoute ensemble. Moi au milieu d'eux. Ces chinois de l'autre bout du monde et d'une autre génération. On écoute cette chanteuse, la seule femme du moment, qui envoie ses décibels en suivant, en guidant les musiciens. La musique est l'élément qui nous relie chaque fois. Hier Li Xing Hua me jouait du blues pour que je chante, et aujourd'hui, malgré l'incompréhension des visages quand ils essaient de me parler, on écoute. Et là, on est au même endroit. A ce moment là, on s'est rejoints quelque part loin de Pékin, loin de cette colline. Ils sont chaleureux et touchants. Ils m'invitent avec eux, dans leur moments, ils observent mes réactions, avec un plaisir que je devine sur les faussettes qui cernent leurs sourires."


"Un samedi à pékin. Le peuple chinois est dehors. Sous le soleil. Il noircit les rues, les parcs. Le week end, institution universelle fait sortir les gens d'un cycle. La ville est en ebullition. Mes oreilles sont pleines de cette langue qui vient d'une autre partie de la bouche. Plus profonde. Des groupes à casquettes colorées, des enfants qu'on tient par la main, des poses devant les appareils photos, des drapeaux qui guident des groupes, des enfants qui courent, des jeunes qui tiennent la main à des vieux, des poussettes, puis le hutong. Des visages poussiéreux. Plus de touristes. Des vélos rouillés, des gens assis dehors, sur de vieux fauteuilles, des vieilles chaises, des odeurs puissantes qui traversent jusqu'à loin, des fringues étendues partout, un patcworks de maisons en bordel, du ciment, des flaques de boue, des gens accroupis, des cannes soutenant des vieux bossus aux visages marqués, une petite sorcière avec un chapeau zébré, des dents qui manquent, de la poussière..."

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