Une journée infinie



"On a vu le soleil se coucher sur la colline du charbon, dans le vieux Pékin, et on le voit se lever sur les buildings du nouveau . Les arbres dansent, imitant les chinois qui font leurs exercices. Ou bien est ce l'inverse?"

"La grande muraille, son serpent de chemins, ses montagnes. Les morceaux de chair fripée qui vrillent, dessinent et s'étendent. Un panorama rythmé jusqu'au bout de la vue. Orné de chemins, d'arbres. Ceux là d'ailleurs. Les arbres sont des chinois. Ils sont rangés, enracinés dans leur caractère, là où ils doivent être. Ils sont fous. Les chinois c'est des arbres. Ils tiennent, sont unis en eux mêmes par un même tronc par lequel, quoiqu'ils fassent, circule leur souffle. Robuste base, inébranlable, qui les pousse dans des mouvements et des voix maîtrisés, lents, efficaces."

"Une journée interminable. Qui décide de continuer. Du matin jusqu'au temple, puis déambulant par la colline, pour continuer vers des retrouvailles. Une rencontre nouvelle, surréaliste. Dans des endroits sans murs ni toits. Tout ouverts. Qui nous emmène sur les rues bling bling d'un lac, puis dans un jeu d'adresse qui nous échappe, pour finir dans un hotel étrange, orné de lustres, surveillé, où les jeunes , soûlés au thé, au jus de pastèque et aux chansons kitchs dans des décibels faramineuses, passent une nuit acharnée. Cette interminable virée croyait s'échouer sur les reflets des buildings, qui répondent au soleil, mais pour l'instant, elle continue sa dérive, au sommet d'une muraille millénaire.
Mes pieds son en compote. Mais mes pieds sont si petits ici. Y'a le vent qui me fait la bise. Et la muraille qui galope jusqu'au bout de la vue, sur l'arrête des montagnes. Y'a les rizières. C'est orange. C'est brun, gris. La muraille elle est flexible. Elle épouse ses montagnes, se pose dessus avec une harmonie déroutante. Elle a germé avec elle. Elle n'a pas pu naître après. Ce temps qui le sépare ne peut pas exister. Ici, il ne signifie plus rien. Comme s'il n'avait jamais rien voulu dire. Il s'oublie un peu celui là. Il s'endort sur ce constat, elles vivent ensemble et c'est tout. Elles ne sont qu'une seule et même vue, qu'un seul et même étalage de notre petite compote. Mes pieds sont si petits.
Je me sens vivante, pleine, entière. Pleine de moi de nouveau. Un moment entier. Ma chair vibre à chaque passage du souffle du vent, mes yeux crient à chaque seconde mes pieds... Mes pieds sont sûrement en train de m'insulter mais ils me parlent!"

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